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Pourquoi ?

Pourquoi l’Estonie est elle devenue une Digital Nation ?

Cela fait plusieurs années que  je me pose cette question et j’ai décidé d’y trouver les réponses en allant les chercher directement sur place. C’est dans le cadre d’ une learning expedition organisé à Tallinn, que mes recherches ont débuté fin novembre. J’ai eut l’opportunité de discuter avec une dizaines de parties prenantes provenant du secteur public et privé puis je les croisé et complété ses informations par des recherches internets. Je vous partage le résultat de mes rencontres et de mes réflexions. Pour qui veut aller plus loin que la carte postale d’un pays qui aura réussi sa transformation digitale sans frictions,  un pays qui prêche par l’exemple et qui n’hésite pas a beta tester les technologies les plus avancées. 

Mais concrètement que peut-on réellement faire en tant que e-citoyen et pourquoi l’Estonie a- t elle pu réussir la oû tant d’autres ont échoué ?

Au départ un jeune état confiant sur son avenir 

Pour comprendre la situation actuelle, il est nécessaire de connaître le contexte de départ. Le pays partage ses frontières avec la Russie sur son côté est et avec la Lettonie au sud. La mer Baltique s’ouvre à l’ouest, tandis que le golfe de Finlande, où se trouve la capitale Tallinn, constitue une frontière naturelle au nord avec la Finlande. Durant la seconde guerre mondiale L’Estonie sera annexé par  l’Union soviétique en juin 1940, conformément au pacte germano-soviétique. Après la perte de son indépendance, le gouvernement en exil aura tout fait pour préserver la continuité de l’Estonie hors les murs. La domination soviétique marquera les esprits et les estoniens développeront durant ces années un rejet de toutes formes d’autoritarisme centralisé et de bureaucratie excessive. Le pays re gagnera son ‘indépendance en 1991 et depuis il cherche à être reconnu comme un pays nordique. Avec une population de 1,3 million d’habitants, le pays est un des membres les moins peuplés de l’Union européenne. 

Fin des années 90,  le pays ne disposait  pas d’infrastructure internet ni de parc informatique représentatif. Le pays connaît une baisse de sa natalité et les caisses de l’état sont vides. La créativité naît de la contrainte dit l’adage et l’Estonie n’en manque pas. Et le pays prend le virage de la modernité en misant sur les nouvelles technologie pour améliorer sa compétitivité et pour accroître le bien-être de ses citoyens.

A l’occasion d’une visite au Showroom E-Estonie j’ai pu assister à une démonstration Live de la plateforme. Je dois avouer que c’est véritablement bluffant. L’utilisateur a accès à un tableau de bord qui lui permet de voir en l’historique de ses propres requêtes auprès des différents services santé, impôt, transport (…) et de voir précisément quels sont les organismes  qui ont pu accéder à telles ou telles données. La transparence est au coeur du système, car sans elle il n’y a pas de confiance. Aujourd’hui Les estoniens peuvent utiliser plus de 200 services publics en ligne. Seuls trois cas d’usage ont été délibérément sorti du plan de digitalisation et doivent être actés en présentiel : le Mariage, le divorce et les cessations de bien immobilier afin qu’un agent de l’état puisse si nécessaire écarter les tentatives d’intimidations ou d’extorsions.

“ No bureaucracy, No Harsslel”. 

Pour  mettre en œuvre une E-gouvernance sans tracas pour l’utilisateur. les décisionnaires ont imposé des principes forts =  Once only : on ne demande qu’une seule fois les données + K.I.S.S : Keep it simple, short.

Une Digital ID qui donne accès à tous les services publics mais pas que.

Le système E-gouvernement repose sur l’usage de la Digital ID card pour s’authentifier aux services. A première vue l’usage de cette carte à puce pourrait vous sembler effrayante, car elle pourrait représenter une menace sur l’intégrité de nos données personnelles. Les estoniens pensent autrement et ils ont choisi de s’éviter un débat interminable sur ce sujet en préférant les actes à la paroles. Force est de constater que 99% des estoniens utilisent leur carte d’identité électronique tous les jours et ils en sont satisfait. Techniquement, il s’agit d’une carte avec une puce utilisant le cryptage à clé publique ECC à 384 bits. Sur le plan fonctionnel, la carte d’identité ouvre les accès numériques à l’ensemble des services en ligne. Permettant d’acter des opérations aussi sensibles que des transactions bancaires, de signature de documents ou d’obtention d’une ordonnance médicale numérique. 

Un état plateforme transparent, décentralisée et sécurisée

E-Estonie se caractérise par son absence de base de données centralisée.  Pour transporter et sécuriser ses données, l’Estonie a construit la célèbre X-Road.  L’ensemble des informations sont conservées dans un système de données distribuées et sont échangées via la X-Road sur demande en temps réel entre les services d’états.
Après avoir subi des vagues de cyberattaques en 2007, L’Estonie a réagi en testant la technologie blockchain pour assurer l’intégrité de ses données. La blockchain a été utilisée de manière opérationnelle dans les registres administratifs, législatifs, judiciaires et commerciaux. La technologie mise au point par les cryptographes estoniens.  (KSI Blockchain) est aujourd’hui utilisée par l’OTAN dans les domaines de cybersécurité. 

Les prochaines étapes ouvrir la X road sur l’international.

En Estonie, la prochaine étape naturelle dans l’évolution du E-Gov consiste à accélérer l’ouverture de sa plateforme vers l’international. L’objectif étant de pouvoir connecter entre elles les plateformes de chaques digital nation. Depuis 2017 l’Estonie et la Finlande ont ouvert un partenariat stratégique. Par exemple, Il est maintenant possible de se faire soigner en Finlande et d’acheter avec son ID card des médicaments en Estonie via le protocole Cross-border Exchange.  L’Estonie, milite pour que l’échange de données transfrontalières sera bientôt possible entre tous les pays européens et pour certain cas vers les pays membres du Digital 9 (Canada, Korée, Israel,  New Zealand, United Kingdom, Mexique, Portugal, Uruguay)

Le secteur privé poussé par le public

Le secteur public se voit comme une start-up. Il incarne l’innovation et la transparence face au secteur privé qui peine à rattraper son retard. L’Etat fait tout son possible pour développer un Hub entrepreneurial de classe mondiale.Le gouvernement a mis en place des mesures d’accompagnement et des aides financières pour les start-up via des organisations et des fondations soutenues par l’État.  Selon le Wall Street Journal, l’Estonie produit plus de start-ups par habitant que n’importe quel autre pays d’Europe. L’essor du nombre de jeunes entrepreneurs en Estonie est motivé par un certain nombre de facteurs, notamment la fiscalité. L’Estonie a un régime fiscal très libéral (les entreprises ne doivent payer l’impôt sur le revenu que sur leurs dividendes). Créer une entreprise est à la fois très simple (30 mn) et bon marché.

Pourtant le plus  grand succès entrepreneurial n’est pas passé par ce dispositif. Pour de nombreux spécialistes, Skype est l’une des plus grande réussite technologique européenne. Saviez vous que Skype était a l’origine une entreprise estonienne revendu a Ebay puis a Microsoft ? Son  centre de développement est toujours situé en Estonie. C’est l’ancien PDG de Skype Estonie StenTamkivi qui a inventé le terme #Skypemafia pour les anciens fondateurs, employés, investisseurs Skype qui ont depuis créés ou investis dans des entreprises ou start up du pays. Par exemple, en 2011, le premier employé de Skype, Taavi Hinrikus, est allé co-fonder le service de transfert d’argent peer-to-peer TransferWise, qui permet aux utilisateurs de transférer de l’argent entre les pays et d’effectuer des paiements à l’étranger moins chers et plus rapidement que par le biais du système bancaire traditionnel. TransferWise a reçu des millions de dollars en financement par en autres Peter Thiel. Vitalfields,  dirigé par un ancien ingénieur estonien de Skype, Martin Rand, fournit un logiciel de gestion agricole qui aide les exploitations à prévoir les maladies des plantes grâce à des modèles prédictifs météorologiques basées sur le terrain.  Le fondateur de l’équipe de recherche sur les données de Skype, André Karpištšenko, a co fondé une startup appelée Marinexplore, qui développe la première plate-forme de Big Data océanique au monde. La société propose des référentiels de données sur les océans du monde. Alors que l’entreprise a levé 1,4 million d’euros et opère dans la Silicon Valley, son équipe de développement est toujours située dans la capitale estonienne de Tallinn. 

Par manque cruels d’investisseurs locaux, il est courant de voir les entrepreneurs démarrer leur entreprise en Estonie puis se déplacer à l’ouest pour trouver des financements et des marchés pour se développer. En Estonie, il y a une culture du travail et un attachement au pays particulier, mais quand il est nécessaire de se développer les entrepreneurs n’hésitent pas à changer de pays.  

Comment le public pousse le privé par de grands travaux de transformation. comment gouverner efficacement infrastructure, avec l’utilisation de la technologie, dans notre cas, plus spécifiquement avec les TIC. Cybernetica proud engeeneer Dans le nouveau monde que nous créons, nous ne faisons aucun compromis – l’état final doit être plus intelligent, meilleur pour les personnes pour lesquelles nous le créons et il est également sûr, confortable et fiable.

Nous sommes extrêmement fiers du voyage de plusieurs décennies qui nous a conduits là où nous en sommes aujourd’hui. Nous avons réussi à être le principal architecte de l’e-société ici en Estonie et avons progressivement introduit et gagné le respect de nos solutions ailleurs. 

Faire une phrase de transition. Il ne faut pas se méprendre, je n’ai pas vu dans l’offre E-Resident d’avantages fiscaux particuliers pour un français, puisque l’Estonie taxe toutes sorties des dividendes hors ses frontières. J’ai pu accéder aux open datas concernant les profils français E- résident Estonien Hé bien c’est ce sont des indépendants : consultants ou freelances, en vérité très peu de start-uper lors de ma visite de E-estonie.

ce qu’il faut retenir 

En 2 décennies, l’Estonie était au-delà du régime post-communiste vers un modèle plus démocratique avec une économie libérale. Pourtant, ce qui fait briller ce petit pays, c’est son succès en termes de transformation numérique. Le “programme Tiger Leap” (nom choisi comme référence métaphorique à la croissance économique asiatique) a été officiellement lancé en 1997 dans le but de fournir à toutes les écoles estoniennes l’infrastructure, le matériel et les programmes éducatifs nécessaires pour développer les compétences et les connaissances en rapport avec les nouvelles technologies. . En 2000, le Parlement a adopté une loi qui a déclaré l’accès à Internet comme un droit humain fondamental. Il a lancé une vaste opération afin d’établir des connexions Internet dans les zones rurales qui étaient auparavant ignorées. Ce n’est pas un hasard si l’Estonie compte deux fois plus d’étudiants poursuivant une carrière dans les TI que la moyenne des autres pays de l’OCDE. Cela prouve le rôle majeur de la formation en termes de conduite du changement dans le pays. Cependant, plusieurs problèmes doivent encore être résolus, par exemple, le pays manque de financement privé, le marché intérieur ne permet pas aux entreprises de se développer à grande échelle et les écarts entre les riches et les pauvres se creusent. L’Estonie ressemble plus à un paradis administratif qu’à un paradis fiscal. Le secteur public a choisi de montrer l’exemple en étant moins politique et plus pragmatique et en adoptant une approche de «confiance par la conception». Il est frappant de voir la convergence des intérêts entre les secteurs public et privé – un partenariat sans précédent qui permet une progression rapide dans la mise en place d’un écosystème numérique commun.

C ‘est également un moyen d’anticiper de nouveaux business models qui glissent d’une compétition produits vers celui des plates-formes et des plates-formes vers les écosystèmes – le genre d’analyse que l’Estonie a parfaitement compris .
Et vous quelles mesures prendrez-vous pour aider à construire votre nation numérique ?

Sources : interviews E-estonie wikipedia

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