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Culture

Les secrets de “By the Rivers of Babylon”

J’écoutais ce morceau de Boney M ce week-end en me laissant porter par cette chenille disco facile qui plait aussi bien aux grands comme aux petits. Je tapotais du pied chaque mesure, en fredonnant par-ci delà quelques mots de chaque couplet.

Le lendemain, je me réveille avec cette mélodie ; elle tourne en boucle dans mes oreilles. En ce qui me concerne, le seul moyen de stopper ce genre de paralysie musicale, c’est de l’écouter fort au casque jusqu’à l’épuisement et si tout va bien, le feu périra par le feu. Depuis quelques mois, sur Spotify, on peut lire les paroles, alors j’écoute en lisant attentivement. Depuis le temps que je connais cette chanson, Je n’avais jamais réalisé le sens profond de ces mots “captivity, Zion, Babylon”. C’est curieux ces mots, pour une chanson aussi festive ?

Je cherche à traduire le message, je butte ; je ne comprends rien, pas même le thème. Les paroles sont comme cryptés, elles ont un sens caché, Un peu comme “la cène” dans le Da Vinci Code. Alors je décide de mener une enquête. Je fonce sur Wikipedia qui comme toujours m’ouvrira les portes de toutes mes interrogations. En suivant les arborescences de wiki, je récolte méticuleusement toutes les infos et quelques fun facts que j’ai plaisir à partager avec vous dans les lignes suivantes.

En 1978, le groupe Boney M obtient un disque de platine pour Rivers of babylon. Il est constitué de Liz Mitchell, Maizie Williams, Marcia Barrett, et de Bobby Farrell. Il est dirigé par le producteur allemand Frank Farian. Si officiellement Bobby Farrell est le danseur et chanteur du groupe, la voix rocailleuse est celle de Frank Farian lui-même, modifiée et enregistrée sur bande magnétique. La plupart des chansons sont chantées par Liz Mitchell. Pour le dire autrement, sur 4 chanteurs, une seule chante réellement. Au total, le groupe a tout de même vendu plus de 60 millions d’albums dans le monde. River Of Babylone restera 2 mois numéro un en Angleterre.

Sur cette vidéo, on remarque qu’il y a qu’une seule véritable chanteuse et que le “chanteur” ne fait que danser.

Quelques années plus tôt, River of Babylon est enregistrée par le groupe jamaïcain The Melodians en 1969. Ce titre restera mythique dans le mouvement rasta. À cette époque, la Jamaïque est politiquement très instable. Le mouvement Rastafari prend de l’ampleur. Les rastas s’identifient comme appartenant aux Douze tribus d’Israël. Dans leur croyance, le terme « Babylone » est utilisé pour tout système gouvernemental qui est soit oppressif, soit injuste. « Près des fleuves de Babylone » fait référence à la vie dans une société répressive et au désir de liberté, tout comme autrefois les Israélites en captivité. Pour ces raisons, le titre est interdit à sa sortie par le gouvernement jamaïcain parce que ses références étaient considérées comme subversives et potentiellement incendiaires. Le producteur du groupe, attaque en justice le gouvernement pour avoir interdit une chanson dont les paroles sont presque entièrement tirés de la Bible. Le gouvernement contraint ; lève l’interdiction. Après cet incident, il n’a fallu que trois semaines pour que le titre devienne un hit des charts jamaïcains. Le titre figure sur la bande originale du film The Harder They Come de Jimmy Cliff en 1972. Ce qui contribuera à faire de ce morceau un classique Reggae. On dit même que Bob Marley s’en inspirera pour le ridim de ‘Chant Song’.

Et encore bien avant en 1842, l’esprit de Rivers of babylon apparait dans Nabucco de Giuseppe Verdi. Cet opéra en quatre actes reprend l’épisode biblique de l’esclavage des hébreux à Babylone. Verdi en fait un opéra politique, car à l’époque, la population milanaise est sous domination autrichienne. Il faut voir cet opéra comme l’appel d’un peuple pour son indépendance avec, comme point culminant, le fameux Va pensiero. Inspiré par les psaumes 137.

Dans cet extrait, de “Sisi face à son destin”, le couple impérial doit assister à un opéra à Milan, au lieu d’ouvrir la représentation par l’hymne autrichien, tous les Italiens présents entonnent le chœur des esclaves de Nabucco.

Del Giordano le rive saluta,
Di Sionne le torri atterrate…
Oh mia patria sì bella e perduta!
Oh membranza sì cara e fatal!

La prochaine fois, que vous entendrez By the Rivers of Babylon, rappelez-vous que ces paroles ont été écrite il y a plus de 2000 ans, quels ont entrainé des émeutes en Jamaïque, provoqué un scandale à l’opéra de Milan, tout en vous faisant danser dans les fêtes de famille.

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